C’est un énorme baluchon bleu qui nous vient du Brésil, en plastique tout froissé. Alice Ripoll l’a envoyé. Il est estampillé « Lavagem 2020 ». Avant de l’ouvrir et en deux mots : en brésilien, « lavagem », c’est la propreté, l’hygiène. Mais c’est aussi la pâtée pour porc. « Lavagem de dinheiro », c’est le blanchiment d’argent. On dit également « lavagem cerebral » et « lavagem gástrica ». En 2020, la Covid-19 a empêché la création de ce Lavagem. Le baluchon s’ouvre maintenant. Six corps emmêlés se déploient et s’animent autour de seaux, d’eau, de savon et de bulles. Six corps noirs, six corps chargés d’histoire, de désirs, de rêves, de rituels et de résistance. C’est la Cia REC, la compagnie d’Alice Ripoll. Que lavent ces corps ? qui lavent-ils ? Sur ce drap bleu devenu champ opératoire, ce ne sont pas des images, des tableaux, des icônes, mais des souffles, des odeurs, des palpitations qui touchent nos sens et déplacent nos imaginaires dans un délire contagieux.

Picture a huge blue bundle from Brazil, made of crumpled plastic. Alice Ripoll sent it. It bears the stamp Lavagem 2020. Before opening it, and in a couple words: in Portuguese, lavagem means cleanliness, hygiene. But it also designates pig food. Lavagem de dinheiro is money laundering. People also use lavagem cerebral, lavagem gastrica. In 2020 Covid-19 prevented this creation. Now, the bundle opens. Six tangled bodies unfold and come alive around buckets, water, soap and bubbles. Six black bodies, six dancers from the favelas, six bodies steeped in history, desires, dreams, rituals and resistance. This is Cia REC. What are they washing? Who are they washing? On this blue sheet that has become an operating field, they are not images, paintings, icons, but breaths, smells, palpitations that touch our senses and move our imaginations in a contagious frenzy.

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